La plupart des régions les plus touchées par le changement climatique se trouvent dans les pays les plus pauvres du monde. Selon un rapport récent de Christian Aid, “les habitants des régions pour le moment plus protégées du Nord commencent maintenant à ressentir la force de la crise climatique, mais dans le Sud, ils en ressentent déjà les effets depuis des années”. Certains de nos missionnaires basés au Mozambique parlent des effets du cyclone Idai et de la manière dont l’amour du Christ peut être montré en toute situation.
Karis Koehn partage : dans notre culture d’origine, la pluie est souvent considérée comme quelque chose qui ternit un événement autrement heureux. Enfants, nous chantions “Rain, rain, go away, Come again another day…” (pluie, pluie, va-t’en, reviens un autre jour). Nous n’étions évidemment pas des agriculteurs. Ce n’est qu’après avoir vécu dans une région semi-aride du centre du Mozambique que j’ai appris à apprécier la valeur inestimable de la pluie. Chaque année, nous attendons avec impatience ces pluies abondantes qui pénètrent notre sol argileux pour signaler qu’il est temps pour tout le monde de planter ses cultures. Avec les pluies vient l’espoir.
Mais depuis 2019, l’arrivée des fortes pluies apporte aussi la peur et l’incertitude. Ces pluies apporteront-elles la vie ou la mort ? La dévastation qui a frappé notre région les 15 et 16 mars 2019 ne sera pas facilement oubliée, car le cyclone Idai et les inondations qui en ont résulté ont tué 38 personnes de notre village et beaucoup d’autres dans les zones environnantes. Les vents ont aplati les maisons et les arbres, mais la terreur a été encore plus grande le lendemain lorsque notre rivière a atteint un niveau d’inondation jamais vu auparavant. La moitié sud du village a été inondée. La route surélevée qui sépare le village en deux a empêché l’eau d’inonder notre moitié jusqu’à ce que la force de l’eau traverse la route à l’est et à l’ouest de notre village. Notre maison et la communauté environnante sont devenues une île.
Les personnes bloquées par les eaux de crue étaient dans les arbres et sur les toits. Beaucoup espéraient atteindre l’autoroute, mais les eaux en furie étaient infranchissables. Dieu a donné à Robert l’idée et le courage, ainsi qu’à quelques autres jeunes hommes, de lutter contre le courant et de créer un sentier en corde, soutenu par des bidons en plastique, pour traverser les eaux les plus profondes et les plus rapides. Les spectateurs se tenaient le long de la route, paralysés par leur peur de la mort. Une fois l’opération terminée, un flot de personnes est parvenu à se mettre en sécurité au cours des 48 heures suivantes. Notre maison a abrité des centaines de personnes, et lorsque les eaux se sont retirées, les gens ont commencé à retourner lentement vers leurs propriétés pour recommencer à zéro.
Quelques semaines plus tard, des journalistes de télévision sont arrivés pour interviewer Robert. Il était occupé à donner un cours biblique et les a encouragés à interviewer Moises, un jeune homme qui avait aidé Robert avec les cordes. Les journalistes, incrédules à l’idée qu’un des leurs puisse risquer sa vie pour aider les autres, demandaient sans cesse à Moises s’il n’avait pas envisagé qu’il aurait pu mourir. Sa réponse était toujours la même : il avait confiance en Dieu.
Tous les jours, nous avons eu l’occasion de partager l’Évangile avec d’autres personnes alors qu’elles se remettaient du traumatisme. La fourniture d’abris, de nourriture, de vêtements, de matériaux de construction, d’outils, de semences et de nouvelles maisons en temps voulu a encouragé beaucoup de gens et a été rendue possible par les dons de croyants dans des endroits éloignés.
Un an après Idai, de graves inondations ont balayé les récoltes dans les champs. L’année suivante, les récoltes ont été de nouveau détruites par de nouvelles inondations, et deux autres cyclones ont frappé notre village de plein fouet. Actuellement, la population est de nouveau dans ses champs pour se préparer aux prochaines pluies, mais elle est inquiète. Que va-t-il se passer cette année ?
” … d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel, qui a fait le ciel et la terre.” Psaume 121 :1b-2